Voici sans doute l'un de nos derniers posts... les grosses étapes nécessitant des explications pour les éventuels auto-constructeurs intéressés étant finies, nous nous contenterons désormais de travailler, au rythme lent des finitions, sans vous en tenir informés ! On espère que ce blog aura été utile à quelques-uns et que parmi eux, une petite quantité se lancera dans la construction d'une maison en bauge !
Pour en finir donc, je vous parlerai ici de la dalle en terre crue et vous montrerai quelques photos de la maison en voie de finition.
On se souvient que faire une dalle en terre est un sacré boulot, c'est déjà une bonne chose ! On se souvient également que si c'est un boulot certain, c'est aussi un bénéfice non négligeable pour une maison, grâce à son faible coût de mise en oeuvre (je parle d'argent, et non de temps ou d'énergie corporelle !) mais surtout à son inertie. En hiver, le soleil entre dans la pièce et vient chauffer une bonne partie du sol : autant de calories que l'on aura pas besoin de produire en brûlant du bois...ou pire...
La première couche, isolante (donc très chargée en paille) peut être moins épaisse que celle que nous avons faite - nous, nous rattrapions les niveaux en même temps, mais il vaut mieux ne pas lésiner sur le ratissage des graviers ! - et ne faire donc qu'une dizaine de centimètres. Il serait aussi intéressant et pertinent de la faire en même temps que les murs, afin de la piétiner allègrement pendant toute la saison de construction et de profiter du beau temps pour la faire sécher. Ceci dit, cela nécessiterait d'avoir un toit, soit temporaire, soit définitif, pour la protéger des intempéries...
La deuxième couche, quant à elle, doit être un cob tout simple sur 5-8cm d'épaisseur. C'est encore un gros boulot. A ce stade, il est bon de bien apprécier le comportement du mélange afin de déterminer les proportions pour le mélange final : trop d'argile dans le mélange et les fissures foisonnent - surtout si le temps est chaud et sec, comme pour nous au moment où nous l'avons faite. Cette couche-ci doit être également bien damée et bien mise à niveau, mais il faut qu'elle soit encore pleine d'accident - donc, pas lissée - afin de favoriser l'accroche pour la couche de finition. Après un petit temps de réflexion, nous nous sommes dit qu'il aurait été judicieux d'y incorporer un système de chauffage au sol, alimenter par le rocket bien sûr. Ceci permettrait d'une part de la faire sécher plus vite, et d'autre part, de garantir un chauffage bien homogène dans toute la maison (encore une fois, grâce à l'inertie et au temps de déphasage exceptionnels de la bauge, y incorporer un chauffage au sol est davantage qu'une bonne idée !). Nous y avons pensé trop tard... mais ce n'est pas grave... On espère que le tuyau servira à d'autres...
ici : la 2ème et la dernière couche |
Enfin, la couche de finition : elle doit faire entre 1 et 2 cm d'épaisseur et être très chargée en sable afin d'éviter les fissures trop béantes ( les toutes petites donnant un aspect très joli pour dire le vrai). En ce qui nous concerne, nous avons opté pour ce mélange : 1 seau de terre tamisée à 3mm ( contenant 50% d'argile et 50% d'agrégat), 4 seaux de sable et un demi seau de mélange monocouche de chez argilus (loin de nous l'idée de faire de la pub... mais bon...) qui nous a servi à colorer le mélange. En effet, le rendu final est celui de la terre mouillée ; notre terre a beau être assez colorée, une fois mise en place, elle est très marron et l'on trouvait cela trop foncé et austère...affaire de goût. Ce mélange est donc très très sableux : 11% de liant pour 89% de sable ! Une partie a déjà séché (depuis hier) et cela a l'air de tenir... Car si trop d'argile entraîne des fissures, trop de sable fragilise la résistance du sol... le mélange parfait est assez difficile à trouver !
détail de la couche de finition |
Voilà pour les explications et maintenant, les photos :
la salle, vue de la cuisine |
...vue de l'entrée |
...vue du bureau |
Et maintenant, un petit tour des menus travaux réalisés :
1. Les étagères délimitant mon bureau.
détail sur la fixation au tronc |
idem, mais dans la colonne en cob |
2. Les plafonds. Nous les avons réalisés avec ce qui s'appelle du "paillon" ou "bambou de chine", trouvé en jardinerie et servant en général à clôturer le jardin...! La pose est facile et rapide, avec une bonne agrafeuse. Le paillon est très léger. Le seul inconvénient est qu'il est ajouré et il laissait donc transparaître le frein vapeur... pour y remédier, nous avons d'abord agrafer de la doublure et hop, l'affaire était pliée ! L'avantage pour nous était que c'est très malléable et que les découpes s'y font aux ciseaux : pratique pour une maison comme la nôtre ou rien n'est droit ! Le rendu final est très chouette, très chaleureux.
3.La nouvelle petite fenêtre du bureau, enfin arrivée, sitôt posée ! Nous en avons profité pour faire quelques petites niches, bien plus simples à réaliser avec du cob frais qu'à coups de burin...!
4. L'enduit chaux-sable sur le banc de chauffage : c'est beaucoup plus classe ! La partie plus foncée est celle qui vient d'absorber l'humidité de la couche de finition. Nous attendons d'avoir installer le serpentin de cuivre autour du baril et de l'avoir recouvert de bauge pour faire le même enduit sur toute sa surface. En fait, la terre, c'est très bien, mais c'est aussi très dur en intérieur : les enduits ou les badigeons rendent le formes plus souples et tendres, moins agressives pour l'oeil...
5. Le nettoyage des dalles en pierres du bureau et de la cuisine (il nous reste encore celles du couloir et de l'atelier...) :
à droite, les planches pour le plan de travail... |
6.Les toilettes et le placard/penderie de la chambre. Le mur enduit au mélange chaux-terre-lin (à gauche dans la chambre - la où il y a l'interrupteur) a été ciré avec de la cire prévue pour les sols en bois. Un travail un brin fastidieux et mangeant beaucoup de cire, mais le rendu et très bon : lisse et lustré, c'est toujours mieux que granuleux et friable ! Pour l'application : la galette en plastique, un couteau à enduire ou bien encore la main sous en gant costaud...
7.L'appentis... où c'est déjà un joyeux souk !
modification 2016
Et avant de conclure, les petites plantations de Julien : une photo qui n'est qu'un détail !
on a commencé à déménager le jardin... en pot ! |
Voici donc pour aujourd'hui. Je reviendrai pour dire un mot sur la pédoépuration (cf. voir ici , un nouveau lien, encore) et sur le budget de construction de notre maison.
Pour finir, deux photos pour Delphine (où tu pourras voir les tests de pigment pour l'enduit extérieur... j'attends maintenant les tiens !)
Salut,
RépondreSupprimerSuper boulot, ça sent bon les finitions, toutes en courbes et en rondeur :c'est très chouette.
Bonne fin d'été.
Rigel.
L'idéal, comme vous le spécifiez, ce serait de n'utiliser que de la terre et de la paille. Par exemple comme on procède dans le cadre d'une rénovation : murs en cob et isolation externe en paille. Un gros boulot, des murs très (trop?) épais, mais un cout modique et le couple inernie/isolation qui semble parfait. Par contre on ne voit jamais ce type de construction en neuf, ça doit cacher quelque chose... ! (j'ai répondu ici je n'arrivais plus à poster sur le sujet principal)
RépondreSupprimerSi on ne voit pas ce genre de construction en neuf c'est simplement parce que les faire faire coûte extrêmement cher ! et qu'il faut donc s'y coller, en auto-construction... Je crois que le bon compromis est un peu ce que nous avons fait, malgré tout... on préfère la bauge, c'est certain, mais au nord, la bauge, quoiqu'on en dise, c'est moins bien que la paille...car ces murs-là ne voient jamais le soleil et leur rôle d'inertie ne jouera donc qu'avec la chaleur créée par la maison, c'est-à-dire, le chauffage ! Mais s'ils parviennent à en capter une bonne part, une autre bonne part s'envolera dehors... J'insiste, mais je pense que l'intégration de bottes entières dans les murs en bauge sont sans doute la solution la plus économique et écologique...
SupprimerTu nous diras une fois que tu auras commencé à construire !
on ne voit pas ce type de construction en neuf simplement car les industrielles perdraient trop d'argents, imaginer la farge vendre de la paille et de la terre et imposer ses regles de constructions,pour la decennale.... ça devient ça en construction paille, avec une paille bien calibré, systeme quand tu nous tiens...Tres joli boulot, bravo !
SupprimerBonjour,
RépondreSupprimernous avons pour projet l'auto-construction d'une maison en bottes de paille et nous souhaitons réaliser un sol en terre par contre nous nous questionnons sur les cloisons...comment et avec quelle matériaux en poser sur un tel sol?
Merci pour tout, votre blog est très bien fait et très utile!
Zohra
Bonsoir Zohra,
SupprimerPour notre part, nous avons monté les cloisons avant de faire le sol, du coup, nous ne nous sommes pas posé cette question ! Il me semble que si vous voulez faire le sol avant les cloisons il faut, soit laisser un vide à chaque emplacement de cloisons (une espèce de tranchée aux dimensions de la cloison) ; soit faire le sol bien longtemps avant, afin qu'il sèche et partant, devienne aussi résistant que possible ; soit enfin choisir des cloisons très légères...
Le sol en terre crue est très agréable à vivre (d'autant plus quand il n'est pas trop plat, c'est très agréable de marcher dessus pieds nus - sans vouloir faire la babacool !) et devient très résistant en séchant à cœur. Nous avons eu le traditionnel problème de poinçonnement avec les pieds de chaises dans les premiers mois (ce qui nous a obligé à mettre un tapis à l'endroit de la table à manger, pour protéger le sol et prévenir de tous nouveaux dommages) mais nous n'en avons plus aujourd'hui...exit le tapis !
J'espère avoir répondu à ta question...
Bonne construction !
Dorothée.
Salut salut! Génial vos articles, je sais pas si ça a été écrit avant mais je me demandais en quoi vous avez fait vos joints entre les dalles de pierre du bureau et de la cuisine?
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