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dimanche 30 septembre 2012

samedi 29 septembre 2012

Électricité

Voilà, c'est chose faite depuis hier, tous les fils sont en place. L'opération a demandé un peu plus de temps que prévu pour cause de manque de matériel... 
Étape de chantier pas trop compliquée mais un brin pénible : tous ces fils qui s'entortillent, c'est agaçant à la fin ! Ceci dit, mettre tout en place nous a fait appréhender l'espace autrement : l'intérieur de la maison commence à se dessiner... 
Un grand merci à Sylvain et Delphine qui nous ont prêté leurs manuels et autres livres sur les normes électriques, bien utiles pour ne pas se louper (on les garde, car viendra bientôt l'étape du tableau, une autre pair de manche) !



la passage majeur des gaines

la cuisine, ses appliques et prises au-dessus du plan de travail

Hier, toujours, nous avons donc commencé la première couche du sol : de la paille dans de la barbotine sur une épaisseur de 15cm. C'est l'isolant. Une fois sèche, nous viendrons mettre dessus la deuxième couche : du cob, sur environ 8cm. Pour finir, une couche de finition de 2cm composée d'argile tamisée, de paille hachée et de sable... et puis de l'huile, de l'huile, de l'huile et de la cire d'abeille, pour durcir et imperméabiliser tout ça... Cela va encore prendre pas mal de temps, car, pour vous donner une petite idée du boulot, il faut savoir que le volume du sol est d'environ 20m3... La première couche représente à elle seule 12m3, soit environ 200 bétonnières (merci encore à Sylvain et Delphine, qui nous prêtent aussi leur bétonnière, sans parler du reste !)... à 10 par jour, on espère avoir fini dans 20 jours...! Un vieux boulot...!
Quelques photos d'hier (prise de contact réussie), le reste demain : 





Et enfin, l'arrivée du luxe aujourd'hui : un branchement électrique ! La dalle nécessitant sans doute un absorbeur d'humidité pour ne pas mettre 3 mois à sécher, nous avons demandé à nos voisins les plus proches (50m) de nous brancher chez eux... Nous voilà donc pourvu d'une prise sur laquelle nous pouvons brancher la bétonnière (c'est nettement moins bruyant qu'un groupe électrogène !), le déshumidificateur, mais aussi un poste pour écouter un peu de musique ! Merci à eux, pour le branchement, et à Didier, pour les rallonges...  que ferait-on sans toutes ces bonnes volontés qui nous prêtent tant de matériels ?


  

mardi 25 septembre 2012

Bac acier

Hier, nous avons posé les dernières tuiles faîtières et désormais, nous pouvons dire que nous sommes hors d'eau - hors d'air, enfin !
Je ne m'étendrai pas très longuement sur la pose du bac acier qui est simplissime si et seulement si la charpente et parfaite... évidemment, ce n'était pas le cas chez nous et nous avons trop souvent peiné à les mettre en place ! Un petit conseil pour ceux qui sont tentés par cette couverture : soignez votre charpente afin qu'elle soit absolument plate ; commandez des tuiles faîtières bien large afin de ne pas trop devoir les faire plier lors de la pose ; alignez vos nervures au millimètre près, sans ça, les faîtières ne sont plus bien adaptées. Je crois que c'est tout ! Si tout est au poil, les bacs se posent tout seul - ou presque !
(Précisément : il faut pointer des chevrons sur le toit, parallèlement à la faîtière, donc, perpendiculairement à la pente de toit ; l'espacement requis entre les chevrons est selon les conditions climatiques de la région, nous avons 5 rangées de chevrons - ceci car notre pente est faible ; il est nécessaire de prévoir une lame d'air conséquente, chez nous, elle est de 7,5cm environ ; les bacs se chevauchent sur une seule nervure, normalement, le fournisseur n'aura pas mis de feutre anti-condensation à l'endroit du recouvrement ; au sommet, si vous posez une faîtière, les bacs ne se rejoignent pas ; l'acier se coupe très facilement avec une meuleuse et un bon disque ; pour mettre les vis, il faut faire un pré-trou, soit à l'aide d'un clou, soit avec un foret ; au niveau des débords de toit, il faut enlever le feutre sur 10cm environ afin d'éviter qu'il absorbe toute l'humidité et ne la fasse remontée - en pratique, il paraît que la peinture à l'eau faite le même effet.)

Quoiqu'il en soit, la toiture est en place et en voici quelques photos :









Au sud, les débords sont très importants : environ 80cm afin de protéger au maximum les murs en terre des vents et pluies dominants. S'il s'avère qu'ils sont trop grands et nous privent de lumière, nous les couperons, tout simplement ! Au nord, le débord est moindre car nous prévoyons de construire un appentis assez vite. Sur les côtés, les bacs dépassent d'environ 50-60cm. Il nous reste un gros travail de finition, d'enjolivement de tout ça ! Mais cela sera pour l'année prochaine...

Avant cela, nous avons terminé les enduits sur la paille qui sont très beaux et tiennent très bien : c'est encourageant ! mais on verra dans le temps... Guy est venu nous aidé à poser les 2 portes fenêtres dans l'atelier de Julien et nous nous sommes chargés de la dernière - celle de la chambre - tout seul, sans problème !
Nous avons aujourd'hui commencé les circuits électriques et nous les finirons demain.
Et enfin, mercredi, nous entamerons la dalle... espérons qu'elle sèche malgré la saison...!

En attendant les prochaines nouvelles, une photo de l'averse d'aujourd'hui, vue de l'intérieur !


lundi 10 septembre 2012

Un chantier de restauration en bauge

Je fais suivre l'info, pour ceux et celles que cela intéresserait : un chantier va s'ouvrir à Dingé, le 15 octobre. 
(et je mets ce site dans nos liens) 

Notez que la technique employée sera celle de la bauge traditionnelle et non pas celle que nous avons utilisée chez nous...




dimanche 9 septembre 2012

Greb : mortier alternatif

La technique greb demande un mortier constitué de sciure (4-5 seaux), sable (3 seaux), chaux (1 seau) et ciment (1 seau) qui, normalement, se coule dans l'espace laissé entre les banches et l'ossature (environ 4cm). Notre problème a été double : d'abord, l'espace laissé n'était pas assez important pour couler en toute tranquillité, il fallait donc s'évertuer à faire glisser le mortier à l'aide d'un bout de liteau, à taper à coup de marteau sur les banches... tout ça pour constater le lendemain au démoulage qu'il y avait des trous ! Ensuite, parce que le ciment, dans l'idée et dans la pratique, on ne trouvait pas ça très séduisant et très agrébale à manipuler. Bref, la technique utilisée en générale par les grebeurs, nous l'avons tentée : nous ne l'avons vraiment pas aimée ! Le problème qui se posait était celui du contreventement, car dans le greb, le mortier y participe grandement. Ayant un rab' incroyable de feuillard, nous avons simplement opté pour un contreventement en feuillard à l'extérieur, et un joli colombage à l'intérieur. Ainsi, nous avons pu retrouver notre matériau favoris : la terre ! 
Nos mortiers sont constitués de 8-9 seaux de terre argileuse (celle dont on s'est servie pour la bauge, soit, 15-20% d'argile), de 3 seaux de sciure, et 2 seaux de chaux hydraulique (et de l'eau, évidemment). Le tout se comporte bien, fait une bonne prise, durci très vite et, ce qui est loin d'être négligeable, se pose à la main, tranquillement, pour un rendu vraiment joli ! 
En image légendées, voici ( prises de vues assurées par Sylvain, qui en plus de nous prêter ses outils, fait en prime nos reportages photos !) : 

Les enduits en ciment sont facilement reconnaissables à cet affreux gris tout plat...

Les 2 cases au dessus de la fenêtre sont remplies d'un mortier de terre-sciure....

La consistance du mortier définitif, avec chaux.

On peut voir les feuillards et la couche d'accroche (terre-eau).

Les 4 colonnes derrière Julien sont faites et commencent déjà à durcir.

Où l'on peut voir le gros "pchitt-pchitt" d'Hilary et Robert... très utile pour humidifier l'accroche ! et Aloïs, le fiston de Sylvain, venu jouer à la "destruction"... cocasse !

C'est bien plus beau que le ciment ! Là-dessus, nous ferons une couche de finition, mais l'année prochaine...



Nous aurons fini les mortiers cette semaine, mercredi ou jeudi, selon la météo...
Entre-temps, Guy est venu nous poser les vitres dans les cadres qui, à cause de leur planche en châtaigner servant à leur assurer un bon niveau, s'étaient déformés ! L'affaire fut simple à régler : enlever les planches, donner quelques bon coups de marteaux aux bons endroits et hop ! les vitres étaient en place ! Ce fut encore un moment où nous avons chéri la bauge, si facile à adapter et à casser, malgré sa solidité, quand il le faut !
Dernières photos : la façade sud et l'entrée, à l'est : 


Oui, le bois bouge...espérons que nous puissions poser la fenêtre !


lundi 3 septembre 2012

Un toit, des murs en bauge presque finis...

Après ce long laïus d'hier sur la bauge, quelques photos pour montrer l'avancement des travaux. Cela prend forme assurément ! Il nous reste quelques petits bouts de murs à lever au niveau de l'entrée et ça en sera fini du cob ! En réalité, il nous semble qu'on aura bien gazé tout de même... On risque bien d'être hors d'eau / hors d'air d'ici la fin du mois : enfin !










Aujourd'hui, c'était chômage technique : le groupe électrogène n'a pas voulu démarrer... gageons qu'il soit de meilleure humeur demain !

dimanche 2 septembre 2012

Où il est question de la bauge

On dit souvent que construire sa maison est davantage un marathon qu'un 100m ; c'est sans compter sur l'élévation d'une partie en bauge ! Je chercherais en vain une métaphore sportive...
Nous aurons mis quelques 2,5 mois à élever 22ml de murs à 2,5m de haut en moyenne et environ 40cm de profondeur en moyenne aussi (en omettant les ouvertures)... c'est dire que le travail ressemble à celui de Sisyphe plus qu'à celui d'Hercule...
Nous voici à mi-parcours et Julien me dit que s'il devait faire un bilan maintenant il dirait sans détour que s'il avait su tout le travail que cela représentait, il ne se serait pas lancer dans ce projet complètement fou ! Moi je dis heureusement car la question du logement sera enfin réglée pour nous dans quelques temps  ! Il faut sans doute beaucoup d'inconscience pour se lancer, comme dans n'importe quelle entreprise (j'ai là une pensée pour Laurent, notre ami libraire à Tours qui se lança sans trop savoir où il allait et quelle serait l'ampleur de sa tâche, il y a 20 ans...).
La bauge alors, parlons-en !

De l'argent :
C'est évidemment un travail de titan mais c'est aussi un matériau et une méthode qui ne coûte rien, sauf de l'énergie et de l'endurance : nous aurons levé ces murs, la moitié de la maison, pour la modique somme d'une extraction à domicile par notre voisin terrassier (nous ne savons même pas le prix car il nous a fait cela en même temps que d'autres choses – le remplissage du hérisson et la tranchée pour les raccords edf-ptt-eau). Voici donc le gros avantage de la bauge : d'être à la portée de toutes les bourses, mais encore faut-il avoir un terrain (je ne dirai rien sur le prix des parcelles de terre aujourd'hui qui me semble, évidemment, scandaleux). Avec un terrain donc, un peu d'imagination, une envie réaliste, de l'énergie et beaucoup de récup' (pour les huisseries, le bois de charpente, les pierres du soubassement... tout ceci se trouve pour rien si on est prêt à prendre le temps de les ramasser et de fouiner ici et là...), il est sans aucun doute possible de se construire une petite maison pour presque rien et avec tout le confort de notre chère époque (par presque rien, je veux dire : sans dépasser le seuil des 5000 euros, raccordements et intérieurs compris – ce qui est déjà beaucoup d'argent). Voici pour le volet finances (je ferai bientôt un post récapitulant le budget de notre maison, mais je peux d'ores et déjà dire qu'elle nous coûtera 30000 euros environ, raccordement inclus et terrains exclus – ce qui, soit dit en passant, signifie qu'il est possible, si l'on a quelques réserves où la chance, comme nous l'avons eu, de se voir destinataires d'une donation ou d'un héritage, d'échapper aux banques...).

Du projet :
Je ne me lasserai pas de le répéter : lorsqu'on se lance dans un chantier cob, il vaut mieux prévoir petit. Ceci pour la simple et bête raison que l'exercice étant usant, il vaut mieux pouvoir le terminer en une saison, quitte à agrandir plus tard, si nécessaire. Le cob a ceci de magique que les maisons peuvent être modulables en permanence, il suffit de prévoir des passages pour de futures ouvertures vers de futures extensions.
Voici ce pour quoi nous avons opté :
  • seule une partie de la maison est en cob, le sud, afin de tirer profit au maximum de son inertie et d'économiser de l'argent (le reste étant en paille, il fallait une ossature en bois... ce qui a représenté un budget de 2500 euros pour nous, chevrons porteurs de charpente compris. Plus la paille, qui nous aura coûté 350 euros – notez qu'on a vu large en paille ! Et avec ça, les feuillards – cf. voir Approche Paille pour la technique greb –, les clous, les mortiers... )
  • une maison de plain-pied et plutôt modeste (la superficie habitable fait environ 80m2 dont 25m2 dévolus à l'atelier de Julien et 8-9m2 à mon bureau, nos espaces de travail respectifs. Chambre, wc, salle d'eau, cuisine et pièce de vie ne font donc que 46-47m2), pensée en fonction des besoins réels.
  • une hauteur de plafond moins importante que d'habitude : au sud, la charpente est au niveau des linteaux, soit une hauteur de plafond d'environ 2,20m (au lieu d'un 2,40m usuel) pour une maison sous rampant avec un point maximum sous faîtière à 2,70m.
Toutes ces choses permettent de travailler plus facilement (pas besoin d’échafaudage de fou), de pouvoir apercevoir le terme des travaux sans acrobaties. Par ailleurs, cette faible hauteur de plafond nous permettra de moins chauffer, puisque la chaleur monte...

Du physique:
Le plus difficile, c'est l'endurance et la persévérance. Le travail est d'un répétitif inconcevable et d'une pénibilité hors catégorie, surtout dès que l'on se met à travailler en hauteur. Au bout de nos 2,5 mois à environ 5 heures/jour en moyenne, Julien ne peut plus voir la terre en peinture et moi, je tente de ne pas y penser afin de pouvoir terminer... Le rythme de travail s'installe vite mais la fatigue est de celle qui ronge en profondeur : l'on ne se sent pas tellement fatigué mais tous les soirs, on tombe de très bonne heure et le matin, Oh ! Quelle difficulté à se sortir du lit ! Le corps est lourd, les genoux grincent, les épaules et les trapèzes se sont allègrement élargis, le dos durci, les jambes raidies... La pénibilité de l'effort s'est infusée dans tous les membres... Le bon mot pour résumé tout ça : usure, aussi bien physique que mentale (à cause de la répétition et de l'ingratitude de la tâche – il ne faut pas oublier que les murs s'élèvent à coups de petites boules de 10cm3...)
Par ailleurs, il y a la saleté. Non pas que nous soyons chochottes ! Mais il faut le dire, passer ses journées dans la gadoue solide, pieds et mains nus, vêtements tout crottés – à la longue, c'est agaçant ! C'est se mettre minable au quotidien et quoiqu'on en dise, on préfère le sec à l'humide !

De la technique :
  • 1/ la méthode : la chose est très simple. Pour les intéressés, il existe un livre en français : « Construire en terre facilement » publié aux éditions La plage et un livre en anglais « The Hand-Sculpted House: A Philosophical and Practical Guide to Building a Cob Cottage » toujours pas traduit. Ces deux livres développent 2 méthodes différentes. Le premier, la méthode traditionnelle de la bauge qui fonctionne par levée et compactage ; la seconde, celle de Ianto Evans, que nous avons suivie. Les blogs relatant des expériences de construction en cob n'abondent pas sur le net et encore moins en langue française, mais lorsqu'on en trouve, il s'agit toujours de la seconde technique. Rares sont ceux qui détaillent précisément les étapes et je vais donc tenter de vous en dire trois mots.
    Tout le monde l'aura compris, il s'agit de faire un mélange de terre argileuse à environ 15-25%, de paille et d'eau. Dans un premier temps, il faut donc s'assurer d'avoir la bonne terre sur place ou à proximité (car ne pas l'avoir signifie se la faire livrer d'ailleurs, ce qui augmente considérablement le coût et le bilan énergétique de la construction). Ces trois ingrédients sont foulés au pied sur une bâche (agricole de préférence : très résistante aux manipulations). On met d'abord la terre et l'eau : on foule en s'aidant de la bâche jusqu'à ce que la consistance du mélange soit homogène et solide. Ensuite on ajoute la paille (il vaut mieux l'ajouter sur un mélange épais plutôt qu'aplati, c'est plus facile de l'y incorporer) en proportion variable selon les humeurs et la couleur du ciel ! Par là je veux dire que nous ne savons pas combien de paille nous avons mis dans nos mélanges : on en a mis autant que le mélange pouvait en ingurgiter. Il faut que la paille soit bien enrouler dans le mélange. Puis, lorsque tout ça est prêt (c'est-à-dire, quand le mélange est bien homogène et bien compact), on fait des petites boules qui facilitent le transport du matériaux jusqu'au murs.
    Nous avons choisi de poser les boules directement les unes sur les autres et les unes à côté des autres, mais, en cette fin de chantier, je viens de découvrir comment faisait Ianto Evans et tout ces cob addict ! : ils défont les boules et posent des poignées de cob. Ceci a un avantage : le mur est bien équilibré et tout s'imbrique ; mais aussi un inconvénient : c'est beaucoup plus lent. Ma technique de pose des boules à l'avantage et l'inconvénient inverses ! C'est un peu comme si on avait construit un mur en brique ronde de terre crue ! Ça marche aussi !
  • 2/ les menuiseries : les cadres se posent et les murs se construisent autour. C'est très simple, bien davantage que sur tout autre support.
  • 3/ la charpente : elle se pose tout bêtement sur les murs, soit sur une sablière, soit directement, il y a plusieurs écoles. Nous avons choisi de la poser directement car nos murs avaient eu le temps de sécher et qu'il n'y avait pas grand risque de poinçonnage.
  • 4/ l'électricité et la plomberie : elles s'encastrent dans les murs, tout simplement. Les saignées dans le cob sont très facile à réaliser et cela permet tout ce que l'on veut !
  • 5/ l'aplomb des murs : nous avons eu quelques surprises car nous ne nous sommes que tardivement servi d'un fil à plomb... heureusement, le cob est un matériau malléable et cela se corrige aisément avec une bonne bêche si le mur est dur, à la scie s'il est encore un peu frais.

Quelques conseils pratiques :
  • Pour bien apprendre à évaluer la consistance du mélange, il vaut mieux se mettre pieds nus. Ensuite, la pair de bottes (de pluie, légère et lisse sous la semelle, et non pas de jardinage, trop lourde) est la bienvenue.
  • Lorsque les murs ont un peu trop séché où qu'il faut faire un raccord, utiliser de la colle rend les choses plus aisée. La colle est simplement un mélange très liquide de terre bien argileuse.
  • Le haut des murs, en dessous de la toiture ou du pare-pluie, peut ne pas être rempli complètement ; il suffit de fermer en levant une grande languette de terre et le reste du mur sera pris dans le plafond, donc isolé.
  • Il ne faut pas pas frapper, claquer le cob lorsqu'on le met en place au risque d'en faire une espèce de gelée qui ne se tient plus : mieux vaut travailler avec les doigts ou avec le burin.
  • Il ne faut pas lisser le cob non plus car l'on crée un mur lisse qui sèche plus difficilement et qui ne sera pas une bonne couche d'accroche pour l'enduit de finition. Si le mur boursoufle : utiliser la scier ou la bêche.
  • Il peut être appréciable de faire la charpente avant les murs afin de pouvoir travailler au sec... cela pose quelques problèmes d'élaboration, mais qui doivent être aisément résolus. Nous avons préféré ne pas le faire afin de pouvoir entamer le cob rapidement (plutôt que de se tirer les cheveux sur comment réaliser ce toit!). L'avantage de notre façon est que les murs prennent bien le vent et sèchent rapidement (pour peu que l'été soit au rendez-vous...). L'inconvénient : lorsqu'il pleut, le travail est plus que pénible voire impossible. Qui plus est, il faut évidemment bâcher en permanence...
  • Faire bien attention à placer les fenêtres sur l'extérieur du mur afin que les bavettes canalisent l'eau de pluie loin du mur. Penser à bien les ancrer dans les murs à l'aide de pièce de bois qu'on viendra fixer sur l'extérieur du cadre et enfoncer dans les murs.
  • S'arranger avec le terrassier pour qu'il fasse un tas de terre qui ne soit pas trop haut, mais bien large, afin d'éviter tout effondrement du tas... le cas s'est souvent répéter chez nous et j'ai de nombreuses fois entendu Julien jurer ! Car lorsqu'elle tombe, il faut dégager afin de retrouver la veine de terre bien argileuse... La terre extraite du terrain n'est pas bien mélangée, il y a donc des endroits très argileux et d'autres très sableux...
  • Toujours travailler à hauteur de taille afin de ne pas fatiguer trop vite : la mise en place des boules est épuisante si le mur nous arrive à la poitrine ou aux épaules.

De l'organisation du chantier :
Nous avons travaillé à deux, sauf 5 demie-journées où nous avons été trois... A plusieurs, ç'aurait sans doute était plus rapide, mais cela n'est pas si certain. Je m'explique : pour faire une levée, il est nécessaire que celle du dessous est un peu durcie, sans ça, le mur se met à faire des bourrelés. Ainsi, être nombreux n'aurait pas été pertinent pendant toute une étape de la construction, sauf à réduire le temps de travail quotidien mais sans modifier le temps total de construction. Par contre, sur la fin – à partir du moment où on travaille en hauteur – ç'aurait été efficace, c'est sûr !
Mais nous avons fait le choix de ne pas ouvrir notre chantier pour plusieurs raisons : d'abord parce que nous ne voulions pas accueillir des gens chez nous. Cela peut paraître étrange mais c'est ainsi ! Faire des chantiers participatifs signifie recevoir des gens chez soi, en dehors des heures de travail – les avoir au petit-déjeuner, et le soir, en rentrant... Nous sommes sans doute un peu ours mais cette perspective ne nous a jamais séduit ! Ensuite, parce qu'être nombreux sur un chantier demande davantage de matériel et une coordination plus complexe. Enfin, parce que tous les deux, nous formons une équipe qui roule et qu'ajouter du monde là-dedans ne nous semblait pas être une bonne idée : on était bien comme ça !

De l'énergie :
Nous n'avons aucune idée de ce que nous sommes en train de construire d'un point de vue énergétique car la bauge n'est pas une isolation que l'on peut calculer avec le fameux R... Allier la paille au nord et la bauge au sud est sans doute une très bonne idée : isolation performante au nord et grosse inertie au sud. Nous en dirons davantage lorsque nous serons installés... Mais a priori, ce genre de maison ne demande que très peu d'énergie pour être chauffée (moins d'une corde par an), et ce d'autant moins qu'elle est orientée plein sud... le solaire passif, bien entendu...


Pour conclure, c'est réellement un matériau génial ! Avec le cob, tout est possible et à moindre frais ! Toutefois, au risque de me répéter, cela demande beaucoup, beaucoup de travail... mais cela vaut le coût, malgré tout...

Quelques derniers conseils pour ceux qui voudraient se lancer :
1/ Faites petit ! On ne le dira jamais assez !
On constate, depuis que nous fouinons sur internet sur les blogs des auto-constructeurs, que tous se construisent des palaces... cela n'est pas nécessaire, loin s'en faut. La première chose est donc d'élaborer des plans de maison correspondant à nos besoins réels, sans surplus, sans luxe.
2/ Faites des murs de soubassement d'au moins 80cm si vous voulez avoir des murs de 50cm... En construisant, on fait inévitablement un fruit conséquent et les murs tendent donc à se rétrécir à mesure qu'ils s'élèvent.
3/ Soyez persévérants, le rendu est magnifique !
4/ N'ayez pas peur et comme disent les monténégrins : « Saute, après tu diras hop ! »